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Nadezda
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MessageSujet: Chroniques de MadmoiZelle.com   Chroniques de MadmoiZelle.com EmptySam 11 Fév - 8:50


MadmoiZelle.com

J’ai testé pour vous… la classe CHAM


Pondu par Alfredette le 10 février 2012


Chroniques de MadmoiZelle.com Pasdam10



Le passage du CM2 au collège n’a pas été de tout repos pour Alfrédette. Comment vit-on le fait de pas avoir d’amis au collège ?

Je me souviens de mon dernier jour de CM2 comme si c’était hier : l’air bravache, ivre du goûteux sentiment de toucher du doigt de pied l’adolescence, je disais adieu à ma paisible petite école en serrant contre mon cœur mes tables de multiplication ornées de petits cœurs et de Diddls. Douce époque, grands espoirs. L’été se passa dans l’allégresse et l’impatience. Et le temps d’un quart de révolution solaire plus tard, j’étais devant les portes d’un monde rêvé : le collège.

Premier hic : mes parents, inquiets que je côtoie la racaille des collèges publics, m’avaient inscrite dans une classe CHAM (Classe à Horaires Aménagés Musique, où sont regroupés tous les espoirs en culotte courte du conservatoire de musique local, dans la perspective qu’ils se marient entre eux / décrochent le bac S mention très bien / deviennent concertistes et se produisent au Carnegie Hall à quatorze ans). Je vous entends d’ici rêver à voix haute de doux chœurs bucoliques entre deux cours de maths. Vous vous fourvoyez.

Comme un demi-million de petites choses innocentes, je fus donc propulsée dans une salle de classe, où un géronte en complet nous annonça que nous étions l’élite, non de la nation mais du collège. Les choses commençaient bien. Puis vint la récré.

Je regrettai bien vite mes tendres billes et mes douces cartes Pokémon : le nouveau grand jeu de mes camarades ? Une interminable énumération des biens matériels de leurs parents. Celui qui était déjà allé au-delà du tropique du capricorne était considéré comme un gentilhomme, celui qui n’avait pas trois-maisons-dont-une-à-la-Baule était un gueux.

Gueuse. J’en étais. Ce fût d’ailleurs le début d’une longue carrière. Dès la première semaine, j’étais une intouchable. Qu’à cela ne tienne, me disais-je du haut de mes dix ans. La classe changera l’année prochaine. Erreur, grossière erreur ! L’on ne mélange pas ainsi l’élite d’un collège de province avec son ivraie. Et j’ai dû supporter les trente-deux petits monstres durant quatre longues, très longues années.

Je vous entends d’ici sourire en me traitant d’asociale exagératrice. Point de tout cela, messieurs dames. Car il est chose pire qu’une colonie de gremlins à Marineland, pire qu’un essaim de mites à H&M , pire qu’un troupeaux de fans de Justin Bieber lâchées dans une usine Biactol : des élèves de classe CHAM dans une petite ville de l’Ouest.
■La plupart d’entre eux sont fils d’avocats/juges/médecins/policiers/notaires/PDG, ce qui leur confère un sentiment inné de supériorité par rapport au reste de l’humanité (les fameux « gueux » cités plus haut).
■Tous, sans exception, sont au conservatoire, comme l’ont désiré si ardemment leurs parents.
■Ils jouent minablement un air de grand répertoire au violon, le nez plus froncé que si leur instrument était un étron sonore.
■Ils comparent religieusement les résultats qu’ils obtiennent aux examens musicaux annuels, raillant le manant contraint au redoublement, admirant l’élu à la mention très bien.
■Ils adoptent les codes les plus répugnants de la bourgeoisie la plus rampante sans même les comprendre.
■Ils vont à la messe tous les dimanches et rêvent déjà d’un bon mariage.
■À 10 ans, ils se disent de droite (pour les plus modérés), royalistes (pour les plus authentiques), ou de gauche (oui, mais jamais-sans-mon-carré-hermès-s’il-vous-plaît).
■À 11, ils font semblant de lire La Mésopotamie au VIIIème siècle lors des voyages scolaires.
■À 12, ils commencent à travailler les programmes de Sciences-Po.
■À 13, ceux de l’ENA.
■À 14, ils organisent des rallyes, dans lesquels il faut apporter sa médaille de baptême et son attestation de noble naissance.
■La nuit, ils rêvent de pouvoir et d’argent. Surtout d’argent.

Pourtant, je vous le jure sur ma défunte collection de cap’s, j’ai tout fait pour m’intégrer un tant soit peu à ce milieu hostile : posséder un sac longchamp, avoir un 18 en physique, causer Philippe de Villiers à la récré, porter la raie sur le côté avec des robes à smocks…. Mais rien n’y a fait. Je devais avoir écrit le mot « ennemie de classe » en lettres d’or sur le visage.

Ne pas avoir d’amis, c’est dur. Ne pas avoir d’amis au collège, c’est la garantie d’une mort rapide et douloureuse. Alors pour éviter les terribles épreuves de la solitude-à-la-cantine, des sarcasmes grégaires ou des regards en coin, j’ai d’emblée choisi celui qui serait pour quatre ans mon plus fidèle soutient et mon plus grande allié : le quatrième WC en partant de la droite.

Dès que sonnait la cloche de la récré ou de la pause pâtes-à-l’huile, j’y courrai plus vite que n’importe quel diurétique aguerri, pour n’en ressortir qu’après être sûre que toute âme avait déserté les lieux. Au bout de quelques mois, tout le monde a cru que la cabine de toilette en question était condamnée ; elle l’était à ma présence. Ces toilettes, j’en connais le moindre micromètre. Je pourrai en dessiner les yeux fermés ses 135 carreaux blancs et noirs, son carrelage gris, ses murs jaunes poussin.

Rien d’héroïque à cela : de la sixième à la troisième, j’y aurai passé 538 heures. Au cours de ce qui représente presque deux millions de minutes, j’ai noirci huit cahiers 24*32 d’observations sociologiques, englouti des centaines de petits gâteaux de toutes sortes et me suis jurée de ne jamais sombrer au fond du trou (métaphore facile, je vous l’accorde).

Personne n’a jamais rien vu, personne n’a jamais rien su. Et maintenant que tout cela est fini depuis des années, et qu’avec le lycée j’ai découvert les joies de la vie sociale, je pense avoir été la moins malheureuse du lot. Je me souviens distinctement de ce garçon qui se scarifiait en plein cours avec son ciseau à bouts ronds, dès qu’un professeur lui faisait une remarque. Ou de cette fille, si anorexique qu’elle fût hospitalisée deux mois. Ou de celui-ci qui se privait de vacances pour une audition de piano. Et tant d’autres encore, qui ont allègrement sacrifié leur adolescence pour répondre aux désirs que leurs parents avaient placés en eux.

Aujourd’hui, mes camarades ont peu grandi. Ils se donnent l’air de vivre et d’être supérieurement intelligents. Ils se déplacent en meute, fréquentent les mêmes écoles de commerce que leurs parents. Certains ont été admis dans des grands conservatoires. Demain, ils seront avocats, juges, policiers, médecins, notaires, PDG. Ils auront trois maisons, dont une à La Baule, deux labradors, deux enfants, deux voitures, un écran plasma. Ils seront, ad vitam eternam, persuadés d’être une élite intellectuelle éclairée. Cela leur conviendra-t-il ? Sans doute.

Et, en leur tirant mon chapeau, je leur souhaite bien du plaisir.
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